Présentation
Argumentaire
« Le temps devient humain dans la mesure où il est articulé de manière narrative. En retour, le récit est significatif dans la mesure où il dessine les traits de l’expérience temporelle. » (Paul Ricœur, Temps et récit I, 1983). Convaincus par cette leçon ricœurienne, les narratologues intéressés à la Bible s’emploient à rendre compte de la re-figuration du temps par ses récits.
Au départ, leurs études de la temporalité narrative se sont appuyées sur les travaux de Harald Weinrich (Tempus. Besprochene und erzählte Welt, 1964) et de Günther Müller (Morphologische Poetik, 1968), plus largement encore sur ceux de Gérard Genette (Figures III, 1972).
Les relations entre temps du récit et temps de l’histoire ont ainsi été réfléchies selon trois grandes catégories : l’ordre (analepse, prolepse), la durée (scène, sommaire, pause, ellipse), et la fréquence (récit répétitif, itératif, singulatif). À ces divers jeux temporels, s’ajoutent des études spécifiques sur le temps de la lecture qui ont également montré leur pertinence en milieu biblique.
Aujourd’hui, Constantine Campbell poursuit le débat sur les aspects et les temps verbaux (Advances in the Study of Greek: New Insights for Reading the New Testament, 2015), Raphaël Baroni retravaille les catégories de Genette en lien avec la tension narrative (L’œuvre du temps. Poétique de la discordance narrative, 2009), certains auteurs proposent la catégorie d’interférence temporelle pour désigner le télescopage de temporalités : à la suite de ces travaux, le symposium 2024 du RRENAB propose de relire les pratiques narratives de la temporalité. Quelle pertinence et quelles limites les narratologues reconnaissent-ils à leurs grilles d’analyse ? Quels nouveaux outils se donnent-ils ? Le travail, mené sous forme de conférences et d’ateliers, s’organisera autour de 4 axes :
- L’intrigue et l’ordre du récit (pour une reprise critique des catégories de Genette et une mise à jour méthodologique)
- Les temps et les aspects dans les langues bibliques (pour une attention portée à la langue et au style des auteurs)
- Les interférences temporelles (pour une clarification des phénomènes d’échos dans le récit)
- Le temps de la lecture (pour une réflexion sur la temporalité en lien avec l’oralité des textes)